
La chapelle
Historique
La chapelle des Cuthbert est la plus ancienne chapelle protestante érigée au Québec. C’est le seigneur James Cuthbert qui, après le décès de son épouse Catherine Cairns en 1785, fait ériger une chapelle pour enterrer sa dépouille et celle de sa fille Caroline, la seigneurie de Berthier ne disposant alors d’aucun cimetière protestant. Nommé originellement d’après le nom du saint patron de l’Écosse, St. Andrew, le bâtiment est aujourd’hui connu sous le vocable «chapelle des Cuthbert».
Première chapelle presbytérienne de la province, la chapelle des Cuthbert est construite en 1786 par le maître maçon Antoine Leblanc, de Maskinongé. Un an plus tard, Pierre Fouré dit Vadeboncoeur, de Berthier, y effectue les travaux de menuiserie et de finition intérieure.
Consultez la fiche de la chapelle des Cuthbert sur le site du Répertoire du patrimoine culturel du Québec
Architecture
L’architecture de la chapelle des Cuthbert est fort simple. Son plan permet à peine de la différencier d’une maison; en fait, seul son clocher l’identifie comme un lieu de culte.
Recouverte simplement d’un crépi blanchi, elle se distingue des églises catholiques par son entrée principale aménagée dans un mur latéral plutôt qu’en façade, sous le clocher. Les épais murs de pierre des champs sont percés de trois ouvertures (…) pour portes et six fenêtres de six grands verres », comme le spécifiait le marché de construction de l'époque. Des chaînages de pierre de taille marquent les arêtes des murs et entourent les fenêtres cintrées.
Sobrement orné, l’intérieur comporte très peu de mobilier : une chaire anormalement surélevée et un jubé sous lequel furent inhumés les membres de la famille Cuthbert. Une balustrade élégante et légèrement ouvragée sépare le jubé de la nef.

Pendant soixante-dix ans, jusqu’à l’ouverture de l’église anglicane Saint-James en 1856, la chapelle St. Andrew sert de lieu de culte aux familles protestantes de la région, malgré sa vocation funéraire. Ce n’est d’ailleurs qu’au XIXe siècle que les restes de plusieurs membres de la famille Cuthbert inhumés dans la chapelle, à l’exception de ceux de Catherine Cairns, seront transportés dans le cimetière anglican de Berthier. En 1895, la chapelle St. Andrew échappe à la vente du domaine seigneurial que les héritiers d’Edward Octavian Cuthbert cèdent au cultivateur Honoré Lincourt. Après la prise de possession du bâtiment par le gouvernement du Québec en 1927, d’importantes réparations aux murs, au toit et au clocher sont entreprises l’année suivante par l’architecte P. Roy Wilson. Classée monument historique en 1958, la chapelle des Cuthbert sera entièrement restaurée vingt ans plus tard selon les marchés initiaux de maçonnerie et de menuiserie.

Afin de préserver la hiérarchie des classes, le seigneur Cuthbert fait en sorte que le jubé, destiné aux serviteurs des familles anglaises, ne soit accessible que par l’extérieur, se réservant la nef où prennent place les membres de sa famille lors des offices religieux. Quant au plafond, en voûte surbaissée, il s’appuie sur une étroite corniche à moulure dentelée.
Grâce aux travaux de restauration entrepris en 1977, la chapelle des Cuthbert a retrouvé son aspect d’origine, avec son toit de bardeaux et son vieux clocher. La plaque de marbre, qui surmonte la porte d’entrée principale, honore la mémoire de Catherine et Caroline Cuthbert, rappelant la vocation funéraire de la chapelle Saint-Andrews.